Marriage Story – Mostra 2019 – Compétition officielle

♥♥♥

Un metteur en scène et sa femme, comédienne, se débattent dans un divorce exténuant qui les pousse à des extrêmes…

Les films traitant du divorce sont souvent inspirés de la vraie vie. Noah Baumbach a probablement puisé dans ses souvenirs personnels -sa séparation d’avec l’actrice Jennifer Jason Leigh- pour ce drame intense qui commence de manière déroutante, avec les deux personnages principaux qu’on entend en voix off lire une longue de qualités réciproques, dans ce qui semble être une scène pleine d’amour et de tendresse. Il n’en est rien: ce prologue enchaîne immédiatement sur une séquence dans le bureau d’un conseiller conjugual, ou les deux partenaires sont en train d’assister au délitement probablement irréversible de leur union. Cette fin d’un couple est remarquablement filmée par Baumbach, avec un profond réalisme qui décortique à quel point il n’est pas simple de garder une relation sereine avec l’ex-être aimé, quand se mêle à la tristesse et l’amertume de la séparation d’autres données telles que la garde d’un enfant et tout autre élément d’ordre financier.

C’est une tranche de vie ordinaire que le réalisateur filme de manière peu banale, pouvant compter sur l’excellence de ses interprètes -Scarlett Johansson et Adam Driver, en état de grâce- pour livrer un récit totalement prenant.

Olivier Clinckart

The Dead Don’t Die – Sélection officielle

Un film d’ouverture à croquer

♥♥ 1/2

Dans la sereine petite ville de Centerville, quelque chose cloche. La lune est omniprésente dans le ciel, la lumière du jour se manifeste à des horaires imprévisibles et les animaux commencent à avoir des comportements inhabituels. Personne ne sait vraiment pourquoi. Les nouvelles sont effrayantes et les scientifiques sont inquiets. A juste titre, puisque soudain, les morts sortent de leurs tombes et s’attaquent sauvagement aux vivants pour s’en nourrir!

C’est avec une ironie placide et acide que Jim Jarmusch se plaît à croquer -au propre comme au figuré- les travers politiques de la société américaine et à dénoncer le matérialisme dévorant d’une communauté humaine cannibale, qui court à son inévitable perte en mettant en péril son propre environnement.

En jouant sur les contrastes entre l’atmosphère réaliste d’une petite ville de province où il fait bon vivre et le caractère horrifique de son cimetière grouillant de morts-vivants, Jarmusch souligne l’inconscience citoyenne universelle et les forces obscures de ceux qui ont opté pour le déni.

Même si l’humour et les nombreux clins d’oeil sont jubilatoires, l’on peut toutefois reprocher au réalisateur le manque de subtilité de sa critique, tant celle paraît parfois fort appuyée. Ce qui n’empêche heureusement en rien de passer un bon moment grâce à l’excellent casting (Bill Murray, Adam Driver, Tilda Swinton, Steve Buscemi…) de ce film d’ouverture du 72 Festival de Cannes.

Christie Huysmans