Pour terminer ce tour d’horizon quasi complet des films en Compétition officielle, il nous reste à évoquer deux fictions projetées à la presse en début de festival et deux documentaires projetés le dernier jour.
Au rayon fiction, Hong Sang-soo a proposé Introduction (♥1/2), racontant l’histoire de Youngho qui décide de rejoindre par suprise sa petite amie Juwon, laquelle vient de déménager à Berlin pour ses études. C’est le point de départ d’une succession de dialogues chers au réalisateur sud-coréen, dont une partie se déroule comme à l’accoutumée autour d’une table bien garnie et en dégustant quelques verres de soju, cet alcool dont les sud-coréens sont de grands consommateurs.

Tout aussi friand de cinéma, Hong Sang-soo tourne avec une frénésie presque boulimique. Pour preuve, il figure en Compétition officielle à Berlin pour la 2e année d’affilée! Un peu beaucoup, sans doute, pour encore prétendre à une véritable originalité avec ce film proche de l’art de l’aphorisme.

Park Miso, Shin Seokho - © Jeonwonsa Film Co. Production
Avec Albatros (♥♥) , Xavier Beauvois, lui, conforte sa position de fin observateur des émotions. Après dix ans de vie commune, Laurent, policier à Etretat, en Normandie, propose à sa compagne Marie de l’épouser. Si tout va bien au sein de leur famille, le métier de Laurent, qu’il adore, n’est pas exempt de risques . Entre les fauteurs de troubles en état d’ébriété ou des délits plus graves, les interventions ne manquent pas. Lorsqu’un fermier des environs perd les pédales, épuisé par des réglementations européennes qui l’étranglent, Laurent va se retrouver confronté à un terrible dilemme moral. Xavier Beauvois explore avec sobriété les notions de responsabilité et de perte de contrôle, avec une composition tout aussi en retenue de Jérémie Renier.

Jérémie Renier - © Guy Ferrandis
Deux documentaires clôturaient donc les projections en ligne pour la Compétition officielle. Comme dans Albatros, il est encore question de policiers dans A Cop Movie (♥♥), de Alonso Ruizpalacios, qui nous emmène au coeur de la police de Mexico City. Deux acteurs professionnels y vivent un processus immersif et s’inspirent du parcours de deux vrais représentants de l’ordre pour explorer cet univers si particulier, ce qui leur permet d’acquérir une meilleure compréhension de cette institution, parmi les plus controversées du Mexique.
Entre fierté de porter l’uniforme, courage et sens du devoir, mais aussi difficulté de rester intègre face à toutes les strates de corruption qui gangrènent le pays, ces hommes et femmes apportent un témoignage marquant sur leur travail au quotidien. Le réalisateur fait preuve d’audace en fictionnalisant son documentaire, le transformant ainsi en une sorte de film policier où la frontière entre fiction et réalité devient donc extrêmement floue. La démarche s’avère intéressante d’un point de vue formel, mais peut néanmoins déconcerter.

Raul Briones - © No Ficcion
Enfin, Mr. Bachmann and His Class (♥♥) traite d’identité et d’intégration au sein d’une école de Stadtallendorf, une bourgade allemande où enseigne Dieter Bachmann. Âgés de douze à quatorze ans, ses élèves viennent de douze nations différentes; certains ne maîtrisent pas correctement la langue allemande. Proche de la retraite, Bachmann a toujours eu à coeur d’inspirer ces citoyens en devenir, en développant chez eux le sens de la curiosité et du débat dans tous les domaines et tous les sujets d’opinions.

© Madonnen Film
Ce documentaire plein de sensibilité met en lumière le travail remarquable – qu’on pourrait qualifier de sacerdoce- d’un enseignant parmi tant d’autres. A travers son film, la cinéaste Maria Speth -accompagnée par son directeur de la photographie Reinhold Vorschneider- souligne à merveille toute l’importance de l’éducation. La longue durée de son film -3h37 !- le destine davantage à une diffusion télévisée en 2 ou 3 parties plutôt qu’à une projection sur grand écran, mais Herr Bachmann méritait sans nul doute les honneurs d’une participation à la Berlinale.

© Madonnen Film
Olivier Clinckart